Les progrès réalisés dans l’avancement de processus de PNA qui répondent aux questions de genre : nos réponses à vos questions

Julie Dekens

Le 16 avril 2020, le Réseau mondial de PNA a organisé un webinaire sur Les progrès réalisés dans l’avancement de processus de PNA qui répondent aux questions de genre. Durant ce webinaire, vous avez été nombreux à nous envoyer vos questions. Cet article offre nos réponses à certaines d’entre elles. La première partie aborde les questions d’ordre général en lien avec le positionnement des femmes, le cadre légal et politique, l’engagement des parties prenantes, les dispositifs institutionnels et le type de soutien offert par le Réseau mondial de PNA. La deuxième partie de cet article aborde des questions plus spécifiques liées à l’expérience du Togo et de la Côte d’Ivoire, notamment dans le cadre du développement et de la mise en œuvre de leur analyse de genre axée sur le processus de PNA.

 

Page resource pour les diapositives et la vidéo du webinaire.

Les questions essentielles

  • Supprimer les barrières systémiques à la participation des femmes et à leur accès au pouvoir décisionnel ; notamment en termes d’accès des femmes à l’éducation, à l’information, aux technologies, etc.
  • Renforcer les capacités des femmes pour qu’elles puissent participer et influencer les processus décisionnels en matière d’adaptation.
  • Apporter des changements au niveau des gouvernements et des autres institutions pour que ces structures soient équitables en termes de prise de décisions.
  • Sensibiliser les hommes pour qu’ils puissent apprécier et soutenir la valeur ajoutée de la participation des femmes dans les processus.
  • Assurer un engagement des parties prenantes qui soit inclusif et équitable en termes de genre dans le cadre des processus de PNA.

  • Idéalement on peut combiner deux types d’analyses de genre : une analyse des politiques et des institutions et une analyse technique. L’approche s’appuiera sur une revue de la littérature et des entretiens avec les parties prenantes dans le pays en question.
  • L’analyse des politiques et institutions consacrées à l’égalité des genres et aux changements climatiques cherchera principalement à examiner les liens qui existent entre ces politiques – par exemple, la mesure dans laquelle le genre est intégré dans les politiques portant sur les changements climatiques, et vice versa.
  • L’analyse technique, quant à elle, vise à comprendre les questions de genre dont il faut tenir compte dans l’action climatique et qui sont spécifiques au contexte du pays en question.
  • Cette approche est décrite plus en détail dans notre note technique.
  • Mettre en place une approche participative qui engage notamment le Ministère chargé des questions de genre ou des questions de femmes et les experts nationaux en question de genre, et ce dès le début du processus. Cela permettra de créer des ponts entre les experts en adaptation et les experts en genre.

  • Du fait de sa diversité (par ex., en termes de taille, des PME aux multinationales), le secteur privé peut jouer des rôles très différents et variés. Par exemple :
    • Soutenir le financement d’actions d’adaptation qui répondent aux questions de genre.
    • Participer au processus de PNA pour s’assurer que les besoins et priorités des femmes entrepreneures soient pris en compte dans le processus/les mesures d’adaptation prioritaires.
    • Fournir des données ventilées par sexe pour soutenir le suivi et l’évaluation de l’adaptation dans certains secteurs.
    • Intégrer les considérations liées au genre et à l’adaptation dans ses propres pratiques et opérations commerciales.
    • Minimiser les obstacles liés aux questions de genre dans l’accès aux services qu’il fournit (par ex., la finance, les variétés de semence résilientes aux risques climatiques).

  • La société civile a un rôle crucial à jouer à toutes les étapes clés du processus de PNA pour s’assurer que les perspectives, besoins et priorités des différents groupes sociaux (y compris en termes de genre) soient représentés et pris en compte dans le développement, la mise en œuvre et le suivi-évaluation du processus de PNA. Cela concerne toutes les organisations de la société civile, des organisations communautaires qui travaillent directement sur le terrain avec les groupes les plus vulnérables en passant par les ONG qui peuvent travailler avec ces dernières pour faire un plaidoyer au niveau régional et national.
  • En effet, le genre recoupe d'autres caractéristiques socioculturelles telles que l'appartenance ethnique, le handicap, l'orientation sexuelle et l'âge. Ces intersections génèrent un ensemble unique de normes. L’implication de la société civile peut donc permettre de reconnaître les différences entre les personnes de même genre qui doivent être comprises pour parvenir à l’égalité des genres.
  • Pour ce faire, plusieurs pays ont par exemple déjà intégré des représentants de la société civile dans leur mécanisme institutionnel de coordination de l’adaptation.

  • Les ONG (et autres représentants de la société civile) peuvent intégrer le processus de PNA pour permettre une meilleure intégration des questions de genre – mais aussi une meilleure intégration de l’adaptation aux changements climatiques dans la planification du développement aux niveaux national, sectoriel et infranational du pays – de plusieurs façons. Notamment :
    • En étant membre du dispositif institutionnel mis en place au niveau national et peut-être même au niveau infranational, afin de coordonner l’adaptation aux changements climatiques.
    • En étant parmi les parties prenantes qui sont consultées tout au long du processus de PNA (par ex., en partageant des informations et des données sur les mesures d’adaptation à prioriser sur la base des leçons apprises de projets d’adaptation et/ou de projets sur l’égalité des genres).
    • En mobilisant les experts en genre pour répondre à des demandes d’appui technique ponctuel de l’équipe de PNA du pays pour soutenir le développement du processus de PNA (par ex., études de vulnérabilité, analyse de genre, formations spécifiques).
    • En mettant en œuvre des actions d’adaptation priorisées dans le cadre du processus de PNA en s’assurant que les questions de genre sont prises en compte.
    • En soutenant le système de suivi-évaluation du processus de PNA en partageant des informations et des données ventilées par sexe.
    • Pour ce faire, il est important que les ONG se familiarisent avec le processus de PNA afin de pouvoir influencer au mieux le processus et identifier les points d’entrée les plus adéquats en fonction de leurs ressources et capacités.

  • Nous ne disposons pas de données précises pour valider ce point. En revanche, il est certain que, de façon générale, l’existence de disparités en matière de participation des femmes aux prises de décision demeure à plusieurs niveaux. Les institutions, y compris gouvernementales, doivent travailler en vue d’un meilleur équilibre entre les genres, particulièrement dans les plus hauts niveaux de la prise de décision.
  • On constate cependant une prise de conscience grandissante, y compris de la part de membres du genre masculin, de la nécessité de prendre en compte les questions de genre dans l’action climatique, suite notamment aux décisions prises récemment dans le cadre de la CNUCC mais aussi par des bailleurs de fonds (rappelons que la prise en compte du genre fait partie des 10 critères pour pouvoir accéder au Programme de préparation pour le développement des processus de PNA du Fonds vert pour le climat).
  • Enfin, il faut noter l’importance des alliés masculins. Ils sont essentiels pour assurer qu’un processus de PNA réponde aux questions de genre.

  • Vous pouvez envoyer une requête à notre Centre de soutien aux pays. Le Centre de soutien au pays offre des conseils d’expert et une assistance technique ciblée (sur une durée maximale de six mois) pour la planification et la mise en œuvre de processus de PNA.
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Les questions spécifiques au Togo et à la Côte d’Ivoire

  • La formulation du document de PNA a permis de dégager les grandes priorités nationales du pays en termes d’adaptation. C’était une première étape du processus d’intégration de l’adaptation aux changements climatiques dans la planification et la budgétisation au Togo réalisée au niveau national. Cette étape a été conduite au niveau central, ce qui n’a pas permis d’impliquer les communautés au niveau infranational.
  • En conséquence, le document de PNA ne met pas en évidence les besoins spécifiques d’adaptation des différentes communautés à la base, malgré les spécificités agroécologiques du pays. La phase d’élaboration des plans régionaux et locaux d’adaptation (phase de territorialisation) vise à rendre opérationnel le PNA au niveau infranational afin de prendre en compte les spécificités des territoires. Elle permettra de mettre en évidence les besoins spécifiques d’adaptation des différentes communautés à la base et d’intégrer l’adaptation aux changements climatiques dans la planification du développement régional et local.
  • L’étape de territorialisation du PNA, qui s’insère dans le processus de décentralisation actuellement en cours au Togo, pourrait offrir d’énormes possibilités pour renforcer les capacités des hommes et des femmes en matière de planification locale de l’adaptation et assurer l’intégration de l’égalité des genres dans les actions de développement au niveau infranational.

  • L’analyse de genre offre des recommandations pour a) mettre en œuvre les priorités d’adaptation identifiées dans le document-cadre de PNA en prenant en compte les questions de genre et b) prendre en compte le genre dans la phase de territorialisation.
  • Les recommandations issues de l’analyse de genre et le document-cadre de PNA de 2016 pourront alimenter la révision en cours du volet « adaptation » des CDN.
  • La révision des CDN ne changera pas les prochaines étapes identifiées pour l’avancement du processus de PNA, à savoir la phase de territorialisation. Le processus de territorialisation prévoit la réalisation d’analyses de genre ciblées dans les différentes régions dont les résultats seront pris en compte dans les plans régionaux d'adaptation. Cela permettra donc d’affiner les recommandations de l’analyse de genre faite en 2019.
  • Le document-cadre de PNA du Togo couvre la période 2017– Il devra être révisé après cette période en prenant en compte à la fois les spécificités qui seront inscrites dans les plans régionaux d’adaptation et les nouvelles mesures des CDN révisées.

  • Il n’y a pas eu de chiffrage des actions dans le cadre de l’analyse de genre réalisée au Togo. Une grande partie des actions ne sont pas des actions additionnelles ou nouvelles, mais des ajustements d’actions existantes.

  • Le Togo a déposé une demande de financement au Fonds vert pour le climat pour mettre en place la phase de territorialisation.
  • Plusieurs secteurs sont déjà en train de prendre des mesures pour assurer la mise en œuvre des priorités d’adaptation. Par exemple, le Togo s’est récemment engagé dans le développement d’agropôles et le Ministère de l’agriculture a indiqué qu’il voulait s’assurer que cette initiative puisse contribuer à la mise en œuvre du processus de PNA.

  • Non, la Stratégie sur le genre et les changements climatiques de la Côte d’Ivoire n’a pas encore été vulgarisée car elle est en cours de finalisation.
  • Cependant, au niveau infranational, plusieurs points d’entrée ont déjà été identifiés pour faciliter la vulgarisation, et notamment :
    • Une étude diagnostique de la prise en compte du climat dans la planification locale est actuellement en cours de finalisation. Cette étude révèle que les considérations en matière de genre ont besoin d’être mieux prises en compte dans la planification locale.
    • Un Plan de renforcement des compétences des collectivités locales est en cours de développement. Un volet « genre » sera développé.
    • Les cinq axes prioritaires d’intervention identifiés dans la Stratégie doivent donc être communiqués pour servir de guide à l’intégration des questions de genre dans la planification locale et pour développer le volet « genre » du Plan de renforcement des collectivités.

  • Exemple : Intégrer les questions de genre dans les diagnostics de chacun des secteurs vulnérables – Indicateur : Nombre de diagnostics menés (un par secteur).
  • Exemple : Rédiger des termes de référence sur les diagnostics afin qu’ils prennent en compte les compétences adéquates pour réaliser des analyses de genre et proposer des lignes directrices pour une approche qui répond aux questions de genre. – Indicateur : Termes de référence qui font référence à des compétences adéquates pour procéder à ces diagnostics.
  • Tous les indicateurs identifiés dans les analyses de genre de la Côte d’Ivoire sont disponibles ici (pages 7–11).
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