Des représentant·es des ministères de l’environnement du Sénégal et de la Centrafrique se sont rendus en Côte d’Ivoire pour échanger sur l’intégration du genre dans le processus de PNA

By Aurélie Ceinos

Quatre délégué·es du Sénégal et de la Centrafrique ont pu rencontrer, entre les 19 et 22 décembre, plus d’une trentaine d’acteurs genre et climat de la Côte d’Ivoire pour échanger sur leurs difficultés et leurs succès en matière d’intégration du genre dans le processus de plan national d’adaptation (PNA). Ils repartent motivés et avec de nouvelles idées.

Avec le soutien du Réseau mondial de PNA, la cellule Genre et Inclusion Sociale du ministère de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique (MINEDDTE) de la Côte d’Ivoire a accueilli du 19 au 21 décembre 2023, mesdames Ndèye Rokhaya SALL et Dibor SARR du ministère de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique du Sénégal et madame Mariam Catherine AMOUDOU née SIDI et monsieur Polycarpe MANDAYEN du ministère de l’Environnement et du Développement Durable de la République Centrafricaine (RCA).

«L’apprentissage entre pairs Sud-Sud a toujours été un pilier essentiel du Réseau mondial de PNA dans ses efforts pour faire progresser la planification et l’action nationales en matière d’adaptation dans les pays en développement. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la RCA ayant tous trois des objectifs ambitieux pour faire avancer l’intégration du genre dans le processus de PNA, cette rencontre nous semblait une évidence afin de permettre à chacun de s’enrichir des expériences des autres». Aurélie Ceinos, Conseillère Egalité des Genres et Inclusion Sociale, Réseau mondial de PNA.  

La Côte d’Ivoire a mis en œuvre de nombreuses activités et testé plusieurs approches pour faire avancer les questions de genre et d’inclusion sociale entre 2018 et 2023. La cellule Genre et Inclusion Sociale du Programme National Changement Climatique (PNCC) avait ainsi à cœur de partager ces apprentissages avec les représentants d’autres pays et de pouvoir apprendre de leurs expériences pour aller encore plus loin. L’objectif de la visite était d’échanger sur les bonnes pratiques et leçons apprises en matière d’intégration du genre dans le processus de PNA et pour les délégations invitées de rencontrer plusieurs acteurs travaillant sur le nexus genre-adaptation en Côte d’Ivoire. Les participant·es ont pu rencontrer le coordonnateur du PNCC, M. Mohamed Sanogo, le directeur de la Direction de la Promotion du Genre et de l’Equité du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, ainsi que les représentants de l’Observatoire National de l’Équité et du Genre (ONEG).

Figure 1. Réunion avec le directeur de la Direction de la Promotion du Genre et de l’Equité au cabinet du Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant.

Les participant.e.s ont pu aussi assister à la quatrième et dernière réunion de l’année de la Plateforme Nationale Genre et Changements Climatiques et échanger avec plus d’une trentaine d’expert.e.s en genre et changements climatiques du pays.

Figure 2. Quatrième rencontre annuelle de la Plateforme Nationale Genre et Changements Climatiques en présence des délégations centrafricaine et sénégalaise, salle de conférences, MINEDDTE, Riviera Bonoumin.

Plusieurs leçons sont ressorties de ces échanges :

  • Utiliser et tirer avantage du cadre législatif et institutionnel en place

Il n’est pas forcément nécessaire de créer de nouvelles structures ou stratégies pour intégrer le genre. Par exemple, au Sénégal, des missions relatives à la question du genre peuvent être confiées au Comité National sur les Changements Climatiques et intégrées dans le futur décret.

  • Impliquer un large panel d’acteurs et actrices genre et adaptation et créer et animer une plateforme ou un réseau d’acteurs et actrices genre et climat

L’existence d’un réseau vivant qui se réunit régulièrement permet de fédérer un grand nombre d’acteurs et d’actrices autour du nexus genre-adaptation et d’accélérer les progrès vers un PNA qui répond aux questions de genre. L’institutionnalisation de ce groupe via un arrêté interministériel ou au moins des termes de références clairs et validés est important pour la pérennité du groupe.

Le ministère responsable des questions de genre, mais aussi les observatoires responsables des questions de genre comme l’Observatoire National de la Parité au Sénégal ou l’ONEG et la Chaire UNESCO « Eau, Femmes et pouvoir de décisions » en Côte d’Ivoire sont notamment des partenaires clés pour faire avancer rapidement les questions de genre et tirer profit de l’expertise interne du gouvernement, des expertises nationales de la société civile et du secteur privé et des données existantes.

« Ces échanges ont été très enrichissants. Les discussions avec l’équipe PNA et la cellule Genre et Inclusion Sociale du PNCC nous ont permis de comprendre comment les questions de genre ont été intégré dans tout le processus. Les réunions de la plateforme et avec l’ONEG nous ont ouvert les yeux sur la nécessité d’intégrer d’avantage d’acteurs dans le processus ». Dibor SARR, ministère de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique du Sénégal.

Assurer un engagement politique au plus haut niveau sur les questions de genre

Avoir des alliés au plus haut niveau sur les questions de genre est un facteur déterminant pour assurer l’engagement de tous et toutes sur ces questions et la mise à disposition de financements et la mobilisation de partenaires. Aussi, l’engagement politique de haut niveau est un gage d’appui au plaidoyer pour une intégration du nexus genre-adaptation dans la planification nationale et sectorielle du développement.

Prochaines étapes

Cette expérience de partage d’expériences entre pairs francophones a permis de rendre visible les mécanismes nationaux existants facilitant l’intégration des questions de genre dans les politiques et les programmes nationaux et sectoriels d’adaptation. Elle a aussi permis de renforcer l’engagement des parties prenantes dans le processus d’institutionnalisation pour soutenir durablement la prise en compte des besoins différenciés et les intérêts stratégiques des femmes, des filles, des hommes et des garçons en matière d’adaptation aux changements climatiques afin de faciliter l’atteinte des objectifs du développement durable 5 et 13.

Les participant·es souhaitent rester en contact et continuer à échanger régulièrement sur leurs avancées, succès et difficultés pour apprendre les uns des autres. Le Réseau mondial de PNA va aussi continuer à appuyer la RCA et le Sénégal sur les questions de genre, particulièrement la création d’un réseau d’acteurs genre et climat en RCA et la création d’un guide méthodologique pour intégrer le genre dans le processus de PNA au Sénégal.

« La RCA souhaite suivre les pas de la Côte d’Ivoire et nous allons faire tous les efforts pour arriver au stade où le volet genre et climat sera reconnu par tous les acteurs et actrices du PNA et où son financement sera assuré par le gouvernement et nos autres partenaires ». Mariam SIDI, ministère de l’Environnement et du Développement Durable de la Centrafrique.

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