Construire la paix grâce au processus du plan national d’adaptation en République centrafricaine

Un dialogue de haut niveau à Bangui a renforcé l’engagement du gouvernement à mettre en œuvre le plan national d'adaptation de la République centrafricaine afin d’assurer le développement durable et une paix à long terme.

Group photo from high-level dialogue on climate change adaptation and peacebuilding in Central African Republic.
Des fonctionnaires gouvernementaux, des représentants du secteur privé, des groupes de jeunes, des organisations religieuses
et autres se sont réunis à un Dialogue de haut niveau autour de l’Adaptation aux Changements Climatiques
et la Consolidation de la Paix en République centrafricaine.

Le plan national d’adaptation (PNA) de la République centrafricaine (RCA) pour 2022 énonce le défi auquel est confronté ce pays « à la fois en situation de post-conflit et en transition politique, ce qui lui confère un niveau considérable de vulnérabilité socio-économique ». Les impacts de plus en plus néfastes des changements climatiques ont aggravé cette vulnérabilité, menaçant la paix fragile établie en 2016 après trois ans de guerre civile.  

Le processus de PNA a créé une ouverture permettant de consolider les efforts de la RCA pour construire la paix et fédérer sa population tout en assurant les moyens de subsistance et le développement durable. Le 15 février 2023, des ministres et d’autres fonctionnaires gouvernementaux, des représentants d’institutions internationales, le secteur privé, des jeunes, des femmes et des organisations religieuses se sont réunis à un Dialogue de haut niveau autour de l’Adaptation aux Changements Climatiques et la Consolidation de la Paix en République centrafricaine afin d’échanger autour des meilleures façons d’aligner l’adaptation aux changements climatiques avec la consolidation de la paix dans le contexte de la planification nationale. Cet événement organisé conjointement par le Réseau mondial de PNA avait pour thème « Allons vers notre adaptation pour préparer la vision RCA 2050 ». 

Dans son discours d’ouverture, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, l’honorable Thierry Kamach, a souligné que les impacts des changements climatiques ont exacerbé les problèmes liés aux déplacements de personnes à l’intérieur du pays, les personnes déplacées constituant un tiers de la population de la RCA. « On dénombre chaque année plusieurs victimes climatiques en situation de déplacés internes suite aux inondations, à la pollution atmosphérique, à l’insécurité alimentaire résultant de la perte de récoltes et aux difficultés d’accès à l’eau provoquées par le stress hydrique observé dans certaines régions », a-t-il précisé.  

Le ministre de l’Environnement et du Développement durable, l’honorable Thierry Kamach, a souligné que les impacts des
changements climatiques ont exacerbé les problèmes liés aux déplacements de personnes à l’intérieur du pays.

Le ministre a rappelé l’urgence d’investir dans la mise en œuvre des actions d’adaptation pour protéger la population actuelle et future du pays. « L’heure est venue d’inciter les partenaires à comprendre que l’investissement dans l’adaptation est une façon de gagner en cohésion sociale et de consolider la paix »,” remarqua-t-il. Kamach a poursuivi en disant que « la RCA devra désormais faire face à ce défi nouveau appelé adaptation, un mécanisme qui exige d’importantes ressources financières et humaines, une action concertée et collective, et des outils et équipements efficaces pour permettre aussi bien aux victimes climatiques que celles des conflits armés de renforcer leur résilience ». 

Le ministre de la Défense et de la Reconstruction de l’armée, l’honorable Claude Rameaux Bireau, a fait valoir que si le pays parvient à intégrer l’adaptation aux changements climatiques dans le travail de l’ensemble des secteurs sociaux et productifs, « d’ici 2030, la RCA s’insérera dans une dynamique de développement socio-économique soutenu, équitable et durable ». Il a également fait écho aux propos du ministre de l’Environnement et du Développement durable en signalant qu’ « il est en effet urgent que le gouvernement intensifie les initiatives, les financements et les partenariats pour accélérer l’adaptation aux changements climatiques ». 

Une solution durable face aux conflits 

Le document de PNA de la RCA établit six secteurs prioritaires pour l’adaptation : l’agriculture, l’eau et l’assainissement, la santé, l’énergie, la sylviculture et le logement. D’après Mariam Amoudou Sidi, point focal Genre et Changements Climatiques de l’équipe de PNA de la RCA et Chargée des Études en matière d’Adaptation aux Changements Climatiques à la Coordination Nationale Climat au ministère de l’Environnement et du Développement durable, l’atténuation de la vulnérabilité climatique dans ces secteurs prioritaires aidera le gouvernement et la population à surmonter les autres obstacles socio-économiques de la RCA, notamment « les contraintes sociales, l’extrême pauvreté, la violence, l’instabilité politique, les déplacements de population et les contraintes sanitaires ainsi qu’une gestion limitée des ressources naturelles et un manque de capacités agricoles pour l’adaptation aux risques naturels ». L’adaptation des politiques et des pratiques des secteurs clés pour permettre la résistance aux risques climatiques offrira des avantages socio-économiques. 

Mme Amoudou Sidi a souligné l’importance de ce Dialogue de haut niveau pour garantir une approche participative au processus de PNA tout en insistant sur l’urgence de l’adaptation aux changements climatiques. « Il est crucial de réunir tous les acteurs autour de la table, et ce dialogue a permis la communication de messages clés, particulièrement à travers le plaidoyer présenté par le ministre de l’Environnement, qui a vraiment fait sonner l’alarme », a-t-elle indiqué.  

Enfin, elle a expliqué que les actions d’adaptation peuvent appuyer une consolidation durable de la paix, puisque « nous savons que les conflits trouvent leurs sources essentiellement dans les conditions de vie intolérables des populations, qui sont elles-mêmes le résultat d’une répartition inégale et inéquitable des ressources existant dans notre pays — une inégalité qui est aggravée encore plus par les changements climatiques ». 

Pour Alec Crawford, Directeur, Nature pour la résilience, à l’Institut international du développement durable, l’équipe de PNA de la RCA fait figure de pionnière par son élaboration d’une stratégie qui met en lumière ce qui devient possible pour un processus de PNA lorsque la consolidation de la paix est intégrée dans la planification de l’adaptation.  

« Les conflits et les risques climatiques ont souvent les mêmes moteurs, qui peuvent se renforcer mutuellement. La consolidation de la paix peut non seulement éclairer la mise en œuvre de l’adaptation, mais l’adaptation peut également déterminer comment la consolidation de la paix et le développement sont mis en application sur le plan national. Nous sommes fiers de pouvoir appuyer cet effort novateur de l’équipe de PNA de la RCA et de Mme Amoudou Sidi et espérons qu’il servira de phare pour les autres pays fragiles, montrant ce qui est possible pour l’élaboration ou la mise en œuvre de leurs propres processus de PNA »,” a-t-il signalé.  

Produits de communication 

Le Réseau mondial de PNA a également soutenu l’action du gouvernement de la RCA en élaborant un ensemble de produits de communication visant à sensibiliser la population au processus de PNA, notamment des livrets, des affiches, des banderoles, des vidéos, des spots radio et des panneaux montrant divers messages clés autour des changements climatiques et de l’adaptation. Un certain nombre de ces produits ont été présentés à la population de Bangui lors d’un rallye le 14 février 2023. Des produits de communication ont également été présentés lors de la fermeture du Dialogue de haut niveau. 

Cet événement a été organisé grâce à l’appui du Centre de soutien aux pays du Réseau mondial de PNA avec une assistance financière du Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni.

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